Obstacles générauxLes principaux obstacles des élèves ont pour origine une modélisation difficile, un passage difficile du dessin à la figure géométrique. Reprenant partiellement les résultats d'un travail précédent (Rolet 1996), les constatations suivantes peuvent être faites :Dans les tâches de reconnaissance, les élèves lisent et/ou cherchent dans le dessin - des propriétés spatiales (les relations, les figures sont reconnues dans leurs instanciations stéréotypées) - des mesures - un nombre "minimal" de propriétés géométriques (l'appréhension opératoire des figures est pauvre) Le dessin n'est pas un représentant possible d'une figure géométrique, d'autres cas de figures ne sont pas envisagés. Le sujet souvent se focalise sur les mesures, ce qui empêche l'émergence d'autres propriétés telles que l'incidence, l'égalité de mesures, des rapports de mesures, etc.) Dans les tâches de construction, les élèves tracent un dessin "à vue" en faisant fonctionner un contrôle perceptif simple et en prenant en compte des propriétés spatiales non pertinentes (par exemple position à un endroit précis de la feuille) ; ils sont attachés à une "reproduction" (isométrie ou similitude); ils vérifient éventuellement après coup leur construction avec un contrôle perceptif instrumenté. Ils ont des difficultés à analyser les rapports entre registres figuraux et discursifs (programmes de construction). Dans les deux types de tâches, on peut dire que le contrôle perceptif simple exercé par les élèves est à la fois pauvre (utilisation difficile de propriétés géométriques) et trop riche (utilisation non pertinente de propriétés contingentes) ; le contrôle perceptif instrumenté est d'une utilisation difficile, ce problème étant lié aux difficultés de compréhension et d'utilisation des instruments fournis. Sans nier les origines épistémologiques de ces obstacles (on sait l'émergence difficile du concept d'invariant géométrique) on peut également relever de probables origines didactiques à trouver dans l'enseignement reçu et pratiqué par ces sujets : imbrication et/ou écrasement du spatial et du géométrique.
Obstacles propres à l'isométrieLe contrôle perceptif simple est peu travaillé. Or, on sait qu'il est plus ou moins facile de reconnaître à vue que deux segments sont isométriques.
Le contrôle perceptif instrumenté par la mesure est très précoce. Si à l'école maternelle, il est d'usage de faire travailler les élèves sur les longueurs des segments, les enseignants en viennent très vite à utiliser de façon exclusive les mesures. Ils fontt l'hypothèse que la longueur est bien perçue et passent à la mesure qui permet de travailler dans l'abstrait, et donc par là-même de pratiquer le numérique dont l'apprentissage est alors visé. Les seules alertes données concernent l'aire (Perrin-Glorian 1989). Or chez les élèves de l'Ecole Primaire, chez les Collégiens mais aussi chez des adultes en formation, ce qui est plus surprenant, (Rolet 1996), ce passage par la mesure trop précoce et/ou trop systématique se constitue en obstacle didactique : les sujets sont désemparés dans les situations évoquées ci-dessus et par exemple ne savent plus reporter deux segments de même longueur sans règle graduée. La longueur n'existe plus que dans sa forme mesurée. Obstacles propres à la perpendicularitéDe nombreux travaux ont montré que les angles droits (respectivement les droites perpendiculaires) sont d'autant mieux reconnus dans un contrôle perceptif simple que - les côtés (les droites) sont proches de l'horizontale et de la verticale ou des bords de la feuille - les traits tracés ou dessinés ont des longueurs proches - l'angle droit (les droites) est (sont) isolé(s) De même une longue pratique de formateur et de fréquentes analyses de procédures d'élèves montrent que le contrôle perceptif instrumenté est assez souvent utilisé pour vérifier une perpendicularité et rarement pour la construire. Obstacles propres au parallélismeDe nombreux travaux ont montré que le parallélisme de deux droites est d'autant mieux reconnu dans un contrôle perceptif simple que - les droites sont proches de l'horizontale ou de la verticale - les traits tracés ou dessinés sont proches, ont des longueurs proches - les droites sont isolées On sait également qu'en liaison avec une distinction non faite entre droite, segment et trait représentatif dessiné, les élèves confondent des "traits" non sécants avec des droites parallèles, surtout lorsque l'intersection des droites supports est hors de la feuille de papier. De même une longue pratique de formateur et de fréquentes analyses de procédures d'élèves montrent que le contrôle perceptif instrumenté par glissement simple est assez souvent utilisé pour vérifier un parallélisme, que la construction correcte (difficile, redisons-le) est rarement faite. La construction libre de deux droites parallèles s'arrête souvent au tracé des deux bords d'un double-décimètre un peu large.... Obstacles propres à la symétrieLes obstacles des élèves à l'entrée en 6ème ont été particulièrement étudiés par Grenier (Grenier 1988). Les élèves considèrent souvent une droite qui partage la figure en deux moitiés de même aire comme un axe de symétrie : les diagonales d'un parallélogramme sont souvent considérées comme des axes de symétrie. Dans la reconnaissance de figures symétriques, la seule propriété prise en compte est l'isométrie et il y a alors confusion entre la symétrie et les autres isométries (translation, symétrie centrale, symétrie suivie de translation, etc.) Selon Grenier, « L'influence sur les procédures des élèves des trois variables, direction du segment dans la feuille, intersection de la figure avec l'axe, angle aigu entre le segment et l'axe, révèle que la résolution du problème s'appuie sur une approche perceptive globale de la figure dans la feuille ». Les procédures erronées le plus souvent rencontrées sont : - le rappel horizontal lorsque l'axe est oblique - le prolongement quand l'angle est grand - la transformation d'un segment vertical en un segment vertical - la pratique de 2 demi-symétries lorsque le segment coupe l'axe - le comptage et des rappels horizontal et vertical lorsque le papier est quadrillé ou pointé. De plus, la découverte d'un axe de symétrie (ou de deux axes perpendiculaires) bloque souvent la découverte des autres : dans le carré par exemple, les élèves voient soit les deux diagonales, soit les deux "médianes".
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